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Lutter contre le surtourisme ? Va falloir y mettre du nôtre ! 🔑

L'édito d'Anaïs Borios


Ça y est, la pandémie est bien derrière nous et la fréquentation touristique repart de plus belle ! C'est en tous cas ce que ce week-end de l'Ascension a démontré. Face au retour du surtourisme dans certaines villes ou sites touristiques très prisés et après avoir pointé du doigt le phénomène, la question se pose : comment va-t-on réguler tout ça ?


Rédigé par le Vendredi 26 Mai 2023

Faut-il blâmer les touristes de vouloir se rendre tous dans les mêmes sites, au même moment, quitte à subir une expérience de piètre qualité ? - DR : DepositPhotos.com, lenschanger
Faut-il blâmer les touristes de vouloir se rendre tous dans les mêmes sites, au même moment, quitte à subir une expérience de piètre qualité ? - DR : DepositPhotos.com, lenschanger
Le « monde d'après » n'est plus (pour ceux qui y croyaient encore depuis la pandémie...).

Il a suffi de ce dernier week-end de l'Ascension pour réaliser que l'utopie imaginée par une partie de la profession durant les mois de confinement ne deviendra pas réalité.

Partout, dans la presse et sur les réseaux sociaux, ont fleuri des articles et des photos montrant des hordes de touristes prendre d'assaut le Mont Saint-Michel ou le zoo de Beauval.

Il semblerait qu'ils se soient tous donnés rendez-vous le vendredi 19 mai. Ça me rappelle vaguement, il y a 15 ans, les apéros géants lancés sur Facebook qui se transformaient en soirées ingérables pour les malheureux et naïfs organisateurs...

Et bien pour l’Ascension, malgré des mesures de dernière minute (arrêt des navettes desservant le Mont Saint-Michel entre 12h30 et 16h par assurer la sécurité du site ou des messages sur les réseaux sociaux du zoo de Beauval demandant aux visiteurs d'éviter l'affluence) les touristes « psychopathes » ou « schizophrènes », ont tous décidé de se rendre dans les mêmes sites, au risque d'une expérience de piètre qualité...

Mais alors, à qui la faute ? Faut-il les blâmer d'avoir eu la même envie en même temps, ou plutôt blâmer les grands sites de n'avoir pas su mettre en place des quotas et limiter les flux ?

Et nos politiques dans tout ça, quelle est leur part de responsabilité ?


Des réponses multiples plutôt qu'une réponse miracle

Avant de se pencher sur la question, il convient de rappeler que l'offre française est vaste et diverse.

Les exemples problématiques cités dans les médias ne sont pas le reflet de tout le panorama qu'offre notre pays. Le Mont Saint-Michel, la Tour Eiffel ou Giverny ne sont pas confrontés aux mêmes défis que le musée de la porcelaine de Limoges ou les châteaux cathares (ça c'était pour la petite touche de chauvinisme !).

Plutôt que de chercher une solution, c'est à chaque site, destination, musée ou ville de trouver les réponses adéquates, tout en sensibilisant les visiteurs et en travaillant main dans la main avec les partenaires.

Les voyagistes et les réceptifs, par exemple, sont libres de créer des produits hors des sentiers battus, afin de réorienter les flux... tant qu'ils y trouvent un équilibre financier !

Car finalement, tout est une question d'équilibre et de compromis.

Les habitants, eux, qui se plaignent du surtourisme sont les mêmes qui profitent à l'année des emplois et des richesses que ce dernier induit, mais aussi de ses retombées : rénovation des centre-villes, création d'espaces verts ou pistes cyclables, événements culturels, etc.

Avec toutefois un revers à la médaille que sont les difficultés d'accès au logement, l'exploitation intensive des ressources naturelles comme l'eau, ou tout simplement la dégradation de la qualité de vie lors des périodes de forte affluence.

Un tourisme en plein essor, alors que le métier ne fait plus rêver

Et c'est là que chez TourMaG, nous nous interrogeons sur le rôle des institutions dans la gestion de ce (sur)tourisme...

Si Airbnb et consorts empêchent les locaux de se loger, qu'attend-on pour légiférer davantage en faveur des habitants ?

Si les restaurants et les hôtels peinent à recruter, pourquoi ne met-on pas davantage de financements sur la table pour héberger les salariés dans de meilleures conditions et contribuer à l'attractivité de ces métiers ?

Car c'est bien là que le bât blesse : balors que les touristes sont de retour, de moins en moins de personnes ont envie d'en faire leur métier.

Malgré l'initiative du Gouvernement avec sa [« Semaine des métiers du Tourisme »,
il reste encore du chemin à parcourir pour inciter les jeunes à candidater.

Sans revenir sur le débat autour des salaires ou des conditions de travail, cette pénurie de bras, comme la surfréquentation à certaines périodes contribue à dégrader l'expérience client.

Un sujet pourtant cher à notre Ministre du Tourisme, Olivia Grégoire, qui la semaine dernière, via Atout France et dans le cadre du plan Destination France, a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) à l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

L'objectif ? « Soutenir les projets innovants pour optimiser et fluidifier l’expérience des voyageurs sur le territoire français ». Sacré chantier !

En parallèle, la ministre s'est exprimée le même jour à propos du surtourisme. « Mieux gérer les flux de visiteurs, c’est une question de qualité d’accueil mais aussi d’écologie pour préserver le patrimoine et la biodiversité environnante. Nous y travaillons avec les acteurs locaux et du tourisme. Je m’exprimerai prochainement dessus », a-t-elle tweeté.


Une croissance qualitative s'impose

Après les annonces, attendons-nous donc à des actes de la part du Ministère !

Seront-ils durables ? On l'espère, car au-delà de l'expérience client, cette dimension responsable doit également être prise en compte.

Profitons-en pour rappeler des initiatives comme l’Occitanie Rail Tour, initiée par le Comité Régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie (CRTL) et qui se veut une invitation éco-responsable à la découverte de la destination en trains (ou autocars) régionaux.

On pourrait disserter des heures sur ces problématiques, et d'ailleurs nos colonnes vous sont ouvertes si vous souhaitez apporter votre contribution.

Mais terminons avec cette réflexion, soufflée lors du Forum 2023 du SETO, par François Gemmene, politologue et chercheur belge, spécialisé dans les questions de migrations environnementales et climatiques et dans les politiques d'adaptation au réchauffement climatique : « Dans nos sociétés industrialisées, la vraie question à se poser est le type de croissance que nous voulons.

Nous avons jusqu'ici conçu la croissance exclusivement en termes quantitatifs, en utilisant des indicateurs de mesure comme le PIB ou le chiffre d'affaires pour une entreprise.

Aujourd'hui, en termes de révolution économique, ce qu'il faut envisager c'est une croissance en termes qualitatifs, une croissance qui ne soit pas uniquement du plus mais également du mieux et quels sont les indicateurs que nous allons pouvoir développer pour cela
».

Prenant l'exemple d'un hôtel, l’universitaire a interrogé : « veut-on aller dans une logique de croissance du nombre de chambres et de nuitées, ou plutôt vers une croissance du degré de satisfaction des clients et de la note qu'ils laisseront sur les sites d'avis de voyages ? ».

On le voit bien, le problème du surtourisme est à la fois complexe et multiple. On nous dit que la transition est en cours, portée par des acteurs publics ou privés convaincus que le changement est nécessaire.

Espérons qu'ils sauront convaincre les (nombreux) sceptiques et ouvrir de nouvelles voies plus durables...

Anaïs Borios Publié par Anaïs Borios Journaliste - TourMaG.com
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